Maciré Sylla
Guinea
Maciré Sylla est née à Conakry en 1970 dans une famille de lethnie Soussou. Elle est une chanteuse.
Professional Information
Working primarily in:
Guinea
Description of Work:
En 1989, lors dun concours organisé à Conakry, Maciré Sylla est remarquée par Bruno Camara, fondateur dAfrica Djolé, le premier groupe de percussions dAfrique de lOuest à sêtre fait reconnaître en Europe. Il la sélectionne pour son groupe Fatala, qui, de 1988 à 1992, sera basé aux Pays-Bas, doù il effectuera de nombreuses tournées dans le monde entier.
À son retour en Guinée, Maciré fait la connaissance de Cédric Asséo, un musicien suisse qui deviendra son mari. Ensemble, ils fondent en 1994 lensemble Djembé-Faré, dont le nom signifie « la danse du tambour ». Leur premier disque, Mariama, paru en 1997, connut un immense succès dans toute lAfrique de lOuest (200 000 exemplaires vendus en trois mois !). Le résultat est que, lannée suivante, Maciré fut sacrée meilleure chanteuse de Guinée. Le deuxième CD du groupe, Maya Irafama, voit le jour en 2000 et est aussi largement applaudi.
Ce nouvel album, Sarefi, « la récompense » confirme une démarche qui est en train de simposer sur la scène internationale, tout en confirmant le talent, la volonté et la persévérance des artistes qui lont créé. Lassociation des instruments utilisés (balafon, percussions, flûte, clavier, basse, guitare et batterie) nest pas en soi nouvelle. Ce qui singularise cette musique, cest dune part la langue soussou dans laquelle sexprime Maciré Sylla, et dautre part le travail exigeant de composition et darrangement qui constitue la griffe de Maciré et de Cédric. Fruit dune inspiration et dun travail communs, il affirme bien cette rencontre entre deux personnes, entre deux cultures, à la croisée de diverses traditions.
Biographical Information
Maciré Sylla
(At a Glance)
: female
Interests: Art, Musique, Tradition, Mode
Place of Origin: Guinea
Sa maman, une très jeune artiste, va
confier sa fille à la grand-mère, qui vit au village de
Tayiré, afin quelle assure son éducation. Situé
en lisière dune forêt à la végétation
luxuriante, Tayiré est une bourgade de quelques centaines dhabitants,
qui surplombe une vaste plaine de rizières périodiquement
inondées sétendant à perte de vue.
En Afrique de lOuest, les enfants et les adolescents ont lhabitude
de se réunir le soir après les diverses activités
de la journée. Cest loccasion de parler, de rire,
de danser, de chanter, mais aussi de partager ses problèmes avec
les autres membres de sa classe dâge (sèrè).
Lamour de Maciré pour la musique et la danse se manifeste
très tôt dans les jeux, au cours desquels elle a loccasion
de se mesurer aux autres enfants de son village.
À lâge de dix ans, à la demande
de sa mère, elle retourne à Conakry pour y poursuivre ses
études. Cest à cette époque quen compagnie
dune camarade, elle découvre le ballet Soleil dAfrique.
Ce sera une révélation pour la jeune fille qui quittera
les bancs décoles peu après pour se consacrer à
lapprentissage intensif de la musique et de la danse. Dabord
réticente, sa mère ne peut que sincliner devant la
détermination de Maciré, et elle finit par accepter le chemin
que sest choisi sa fille.
Les corps de ballets sont très nombreux à Conakry. Le président
Sékou Touré avait mobilisé toute la nation autour
dune idée révolutionnaire : chaque Guinéen
se doit dexercer un art traditionnel tel que la danse, le chant
ou la musique. De jeunes talents sont recrutés dans tout le pays
et pratiquement contraints démigrer dans la capitale, où
sorganisent de féroces compétitions entre les différents
ballets et orchestres régionaux. Les artistes du ballet national
Djoliba, le plus célèbre du pays, sont ainsi logés
par le président et répètent dans son palais sous
son il attentif.
La culture guinéenne connaît alors un véritable rayonnement
dans toute lAfrique occidentale. Ce sont des artistes guinéens
qui donneront dailleurs naissance aux ballets du Sénégal
ou de la Côte-dIvoire, pour ne citer que ces deux exemples.
Chaque pièce est chorégraphiée et mise en scène
afin de sintégrer à un véritable ballet théâtralisé,
constitué de divers tableaux, et censé évoquer les
différentes traditions des sociétés agraires. Ces
tableaux sarticulent autours dune histoire singulière.
Des thèmes comme le Bois sacré, lOrpheline ou lAmour
déçu deviennent ainsi des classiques de ces spectacles de
ballet.
Les jeunes recrues se forment et partagent un idéal de beauté,
une immersion à la source de tous les mythes et mystères
fondateurs de leur histoire. Maciré Sylla deviendra rapidement
linterprète principale du ballet Soleil dAfrique.
Après les répétitions, elle se rend régulièrement
aux sabar, doundoumba et autres événements musicaux ponctuant
la vie quotidienne des habitants de Conakry. Chaque jour, elle chante
et danse jusque tard dans la nuit, gagnant ainsi de quoi subvenir à
ses besoins et à ceux de sa famille.
Lors des sabar organisés dans le cadre des cérémonies
de mariage, de nombreux hommages sont rendus aux époux, à
leurs familles et à leurs invités de marque. À cette
occasion, un orchestre est toujours présent, généralement
composé de guitares, de balafons, dune batterie, et de diverses
percussions le nom de sabar est dailleurs à lorigine
celui dun tambour wolof du Sénégal. Le répertoire
du sabar est essentiellement constitué danciennes chansons
faisant référence à lhistoire des familles
qui sallient, de conseils prodigués aux jeunes mariés
et à leurs amis, ou encore et surtout dairs populaires en
vogue.
Cette manifestation festive est lexpression urbaine des tendances
musicales du moment : un véritable creuset, où se mêlent
tradition et modernité, et qui demeure une des principales sources
dinspiration de nombreux chanteurs à lécoute
de leur temps. Cest à cette école que Maciré
Sylla a été formée : sa notoriété de
chanteuse a débuté dans la rue à Conakry, en dehors
des grands orchestres professionnels tels que les Ambassadeurs, les Amazones
de Guinée ou le Benbeya Jazz.
Bien quelle ne soit pas issue dune famille de griots, Maciré
Sylla est aujourdhui reconnue par les Guinéens comme une
chanteuse populaire et, qui plus est, comme une chanteuse ayant su faire
entendre la voix des « artistes » (par opposition à
celle des griots). En effet, la musique était longtemps restée
lapanage de musiciens mandingues (malinké en Guinée),
et plus particulièrement des griots. Il est très rare quun
interprète dorigine soussou dont la culture est
historiquement liée à lempire mandingue, mais pas
reconnue en tant que telle par les Malinké soit reconnu
comme artiste, et encore plus sur la scène internationale.