Ricardo Rangel
Mozambique
Né en 1924 à Lourenço Marques, Ricardo Rangel est un photographe.
Professional Information
Professional Areas:
Art
Working primarily in:
Mozambique
Description of Work:
Ricardo travaille dans un garage, où il fait la connaissance dun chasseur déléphants dont le violon dingres est la photographie. Celui-ci lui propose dassurer lentretien de sa chambre noire. Vient la Seconde guerre mondiale. Lourenço Marqués accueille des réfugiés juifs, dont un Tchécoslovaque qui va y ouvrir un studio de photographie. Il embauche Ricardo qui, pendant dix ans, soccupe des développements : notamment pour les deux grands journaux de lépoque, le Noticias et le Lourenço Marques Guardian, édité à la fois en portugais et en anglais. Dans sa chambre noire, Ricardo va exercer son il en travaillant sur les photographies des autres. En 1952, le Noticias décide de lancer une édition du soir et lui propose de devenir reporter photographe.
Ricardo sinscrit aussi à une cellule du parti communiste. La censure et la police politique, la Pide, veillent, et il fait de la prison. Au début des années 1960, un nouveau journal (Tribuna) se lance, avec le soutien de libéraux. «Ils mont dit: tu vas faire les photographies qui te plaisent. Jai exigé de pouvoir macheter mes propres appareils.» Il prend alors une photographie aérienne des deux villes formant la capitale: la «ville de ciment» où sont installés les Européens et la «ville de canisse», celle des Africains. Sa photo est interdite par la censure.
En 1964, il quitte Lourenço Marqués, pour Beira, la deuxième agglomération du pays, située plus au Nord, où il va travailler pour le Diario de Moçambique, dirigé par Monseigneur Sebastiao de Rezende: «cétait un militant anti fasciste. il ma embauché pour mon sang grec, censé me donner, selon lui, un grand sens de la beauté. Et moi, je savais que je pouvais compter sur le poids politique dun évêque.»
Ce qui nempêche pas Ricardo Rangel de connaître à nouveau la prison. Et de repartir en 1968 à Lourenço Marques pour participer à la création de lhebdomadaire en couleurs (Tempo) fondé par des journalistes progressistes avec largent de Portugais qui rêvaient dun Mozambique indépendant du Portugal, mais gérés par des Européens : à limage de la Rhodésie voisine, dirigée alors par Ian Smith. «Je leur ai demandé de payer mes dettes, de me trouver une maison, et dassurer le transport de ma dauphine Gordini par bateau depuis Beira.»
Le régime colonial vit ses dernières années. La censure décortique jusquaux petites annonces, pour traquer les soutiens au mouvement indépendandiste du Frelimo. La photo en pleine page prise par Ricardo dun très vieil Africain, titrée «la fin», tiré en noir et blanc mais un peu rougie, est refusée par la censure. Celle-ci lui demande: «la fin de quoi?»
Cette fin, celle des Portugais, arrive en 1975. Débute alors le pouvoir du Frelimo marxiste avec son président, lemblématique Samora Machel. Ricardo devient son photographe attitré, le suivant dans tous ses déplacements. Il sent un vent de liberté, une grande euphorie. Mais, il avait aussi prévenu: «Les journalistes ne sauront plus écrire après des décennies passées à utiliser des méandres pour contourner la censure.»
En fait, ils nauront pas le loisir de réapprendre à écrire. Le marxisme a du mal à accepter la controverse et une police politique chasse lautre, la Snaspe mozambicaine (formée à lécole est-allemande) remplaçant la Pide portugaise. «Jai des amis qui ont connu la prison pendant lépoque coloniale, pour y retourner après lindépendance. Beaucoup ont préféré ensuite quitter le pays, se souvient Ricardo. Le pays sest retrouvé sans cadres, avec 99 % des Mozambicains qui étaient analphabètes et un pouvoir des images qui était majeur.»
Dans ce pays tout neuf, Ricardo va fonder son Centre de formation photographique, avec lappui financier du gouvernement italien (jusquen 1986) puis dune ONG danoise. Pas pour lamour de lart, mais pour apprendre aux policiers à prendre des photos des suspects ou aux agronomes à photographier les cultures. «Pendant dix ans, nous avons formé au photo-journalisme des fonctionnaires, des médecins, même des missionnaires. Nos cours étaient pragmatiques et devaient répondre aux besoins du pays.»
Aujourdhui, le Centre de formation de Ricardo continue à former des étudiants pour un cycle de cours de six mois. Dans ses locaux du centre de Maputo, Ricardo montre le travail de ses élèves. «Le cours est en noir et blanc, dit-il. Avec une bonne photo en noir et blanc, on peut voir toutes les couleurs. Si nos élèves travaillent sur la couleur, cest uniquement pour des raisons commerciales.»
Biographical Information
Ricardo Rangel
(At a Glance)
: male
Interests: Art, Politique, Sport
Place of Origin: Mozambique
En 1941, Ricardo Rangel est apprenti photographe. Marié à une Suisse italienne, Béatrice était arrivée au Mozambique pour suivre son premier mari, ingénieur
pour la compagnie dascenseurs Schindler. Veuve, lindépendance
arrivant, elle propose ses services de traduction au nouveau ministère
de linformation. Elle y rencontre Ricardo Rangel, lun des deux
photographes qui na pas fui le pays.