Eusèbe Jaojoby
Madagascar
Eusèbe Jaojoby naît le 29 juillet 1955 à Anboahangibe, près de Sambava, lune des capitales de la vanille au nord-est de Madagascar. Il est un chanteur de salegy.
Professional Information
Professional Areas:
Music
Working primarily in:
Madagascar
Description of Work:
Dans les cabarets, partout où on joue, on le laisse entrer et chanter chaque fois quune occasion se présente. Loncle auquel il a été confié, informe ses parents de la situation mais ces derniers, sur le conseil de leur curé, décident de laisser le jeune garçon de quinze ans suivre sa vocation, à condition toutefois que ses résultats scolaires nen soient pas affectés. Une double vie commence, menée à bien sur les deux fronts pendant plusieurs années.
Au bar le Saïgonais, fréquenté par les anciens colons français et les coopérants, il se produit à partir de 1972 avec le groupe maison, Los Matadores. La clientèle veut des tubes et des rythmes de la pop internationale mais Eusèbe et les musiciens intègrent progressivement des éléments de la culture traditionnelle malgache quils revisitent avec leurs instruments électriques. Guitare, basse, batterie et clavier ont remplacé la kabosy à quatre cordes, laccordéon et les percussions en hochet.
Le salegy moderne, devenu aujourdhui la musique fédératrice de Madagascar, est en train de prendre forme. Sil en est lun des fondateurs, Jaojoby nen a pas la paternité, pas plus que Tianjama, surnommé "le grand maître du salegy", qui sest fait connaître à Majunga avec un style très proche. Limpulsion ne vient pas dun seul homme, elle appartient à toute une génération qui grandit dans un même contexte et expérimente les mêmes choses au même moment en des endroits différents.
En 1975, Eusèbe change de formation et passe avec les Players, moins expérimentés mais plus ouverts. Avec la sono et le groupe électrogène du commerçant chinois qui leur sert de manager, ils tournent sans cesse dans leur région, animent tous les bals dans les villages où ils sarrêtent. Après quatre ans, le groupe implose, laissant derrière lui deux 45 tours enregistrés en 1976.
Eusèbe essaie de continuer avec de nouveaux musiciens, mais préfère rapidement rejoindre la capitale Antananarivo pour terminer ses études. Pendant deux ans, il suit les cours de sociologie à la faculté. Fin 1980, il est recruté comme journaliste par la radio nationale, à une époque où Madagascar fait clairement partie du bloc de lEst. Une nouvelle fois, cest grâce à son talent de chanteur quEusèbe reprend le chemin de la musique.
Tandis quil sapprête à prendre le bus, un inconnu laccoste et lui demande sil sait chanter le salegy. Le soir, il prend le micro au Papillon, la boîte de nuit de l'hôtel Hilton. Il est aussitôt engagé et alterne pendant trois ans les nuits au micro et les journées de travail, sauf quand il effectue un stage de perfectionnement en journalisme à Berlin-Est en 1982. Nommé à Diego Suarez (renommé Antsiranana) comme chef du service provincial de linformation, un poste à hautes responsabilités dans ce régime politique, Eusèbe met sa carrière entre parenthèses à partir de 1984 jusquà ce quun Français, Pierre Henri Donat le remette en studio en 1987 pour participer à la compilation "Les Grands Maîtres du Salegy". Sa chanson "Samy Mandeha Samy Mitady" devient un tube à Madagascar, un quotidien le surnomme "le roi du salegy".
De retour dans la capitale en 1988, il met en place sa propre formation pour répondre aux demandes de concerts. Avec des musiciens et chanteurs quil a rencontré ou avec qui il a déjà joué, comme Saïd, guitariste des Players, ou Jean-Claude Djaonarana, un ancien de Los Matadores qui a fixé le rythme du salegy moderne à la batterie, il commence à se produire sous le nom de Jaojoby tout en conservant entre 1990 et 1993 son emploi dattaché de presse au ministère des Transports, de la Météorologie et du Tourisme. En 1992, le producteur anglais Ian Anderson, qui la enregistré lors dune session radio deux ans plus tôt, lui offre lopportunité de faire son premier album dans un studio multi-pistes dAntananarivo.
"Jaojoby : Salegy !" fait découvrir ce style musical et ses variantes (basesa, sigoma...) à lextérieur de Madagascar. De nouveaux horizons souvrent à lartiste. En 1994, il bénéficie dun environnement plus professionnel pour son second album "Velono" que supervise Hervé Romagny car le guitariste de Ray Lema connaît Eusèbe et sa musique depuis de nombreuses années. Ce disque le lance sur le circuit des festivals des musiques du monde. Au Portugal, en Allemagne, aux Pays-Bas, en France notamment pour le festival Musiques Métisses dAngoulême, au MASA dAbidjan en 1997, Jaojoby sait faire danser. Le salegy est taillé sur mesure pour cela, il fait sans conteste partie de la famille des rythmes africains. Kwasa kwasa et rumba zaïroise ont aussi influencé les artistes malgaches.
Malgré le décès du batteur Jean-Claude Djaonarana en 1995, léquipe dEusèbe reste très efficace sur scène. "Machine à rythmes implacables, ouragan de sons à lappel lancinant", lit-on à son sujet. Ses enfants, rassemblés un moment dans la formation Jaojoby Junior qui a fait ses classes dans les cabarets dAntananarivo, sont aujourdhui plus souvent présents à ses côtés en concert, dans les rangs des musiciens comme celui des chanteurs-choristes-danseurs.
"E Tiako", son troisième album paru en 1998, lui donne une autre dimension à Madagascar. La chanson "Malemilemy", dérivé dun air folklorique, ne quitte pas les ondes pendant plus dun an. Jaojoby est élu artiste de lannée dans son île en 1998 puis en 1999. Conscient de sa popularité, il met sa notoriété au service du FNUAP (Fond des Nations Unies pour la Population) en assumant son rôle dambassadeur de bonne volonté.
Au cours de lété 2000, en cinq jours et dans des conditions proches du live comme à son habitude, il enregistre "Aza Ariano" qui sort un an plus tard.
A quelques semaines des élections présidentielles de décembre 2001, Jaojoby vient de jouer devant plus de 50.000 personnes lors dun meeting politique pour apporter son soutien au maire dAntananarivo, candidat à la fonction suprême. Plus que jamais engagé dans le combat politique, Eusèbe Jaojoby soutien laccession à la présidence du pays de Marc Ravalomana en 2002.
Jaojoby revient à la musique en 2004, avec son cinquième album, "Malagasy". Un disque enregistré à la Réunion qui se veut une invite à la paix, à la réconciliation : "Dans le titre éponyme de l'album, "Malagasy", j'invite tous mes compatriotes à garder confiance dans l'avenir. Ils doivent lutter pour améliorer leur cadre de vie et contribuer au redressement du pays". Pour autant, il le dit lui-même, il ne souhaite plus se mettre en avant dans la vie politique de Madagascar. Comme pour confirmer cette décision, il entame une tournée de deux mois en France, qui prend fin au festival de Thau (9-18 juillet), avant de repartir pour les Etats-Unis et le Canada.
Biographical Information
Eusèbe Jaojoby
(At a Glance)
Date of Birth: Jul/29/1955
: male
Interests: Art, Music, Politique
Place of Origin: Madagascar
Aîné dune famille de treize enfants, Eusèbe Jaojoby est élevé dans la foi catholique, il se rend plusieurs fois par semaine
à léglise où son grand-oncle, joue de lharmonium et réalise très
jeune, en chantant des cantiques, quil possède une voix claire,
puissante, énergique. Avant dêtre sa signature, ce qui le distingue
encore aujourdhui dans le panorama musical malgache, elle est à la
base de son parcours dartiste.
En septembre 1970, son père
lenvoie étudier à Diego Suarez, la capitale du Nord, un ancien repère
de pirates très apprécié des marins français. Dans cette ville
bienheureuse réputée pour ses nuits animées, Eusèbe ne met pas
longtemps à se retrouver sur les planches. Un mois après son arrivée,
il sinscrit à un radio-crochet. Le concours dure plusieurs jours car
les participants ne manquent pas. Il na jamais utilisé de micro ni été
accompagné par un orchestre, mais cela ne lempêche pas de gagner.