Mickaël Kra né en 1960 à Lille, est un créateur de bijoux le plus important et le plus fameux d'Afrique.
Ivoirien par son père, français par sa mère. Mickaél Kra a lâme métis. Ouverte sur le monde. Ses parents se sont rencontrés pendant leurs études en France. Il nait à Lille et vit sa petite enfance en Suisse. Ils rejoignent Abidjan en 1968, Mickaél, âgé de 8 ans fréquente le collège français où toutes les nationalités se croisent. La Côte d Ivoire des années 70 considérée comme les Etats-Unis du continent, affiche fièrement la puissance de son melting-pot de dizaines dethnies. Abidjan est une ville luxuriante. Débauche de fleurs et de couleurs, Cassias, bougainvillées, flamboyants, tulipiers du Gabon, hibiscus ... Cette opulence végétale, linsouciance de ces années, font germer son goût du bonheur et des beautés du monde. Dans le jardin familial, il samuse à faire pousser ses fleurs.
Du collège, il se souviendra toujours dune professeure, Madame Mouleau qui lencourage à dessiner « elle ma donné confiance ». Abidjan et la Côte dIvoire vivent alors en pleine euphorie. Le pays est un producteur de confection industrielle qui dépasse lAsie du Sud-Est. Comme partout en Afrique de lOuest, chaque famille entretient des relations privilégiées avec les tisserands, ébénistes, teinturières, bijoutiers...
La mère de Mickaél Kra, artiste, décore la maison, commande des meubles auprès dartisans. Elle lui inculque le respect du fait-main, lui fait partager sa passion du beau, de la mode, des arts. Il adore lobserver. Ses gestes, le temps quelle saccorde, lallure quelle élabore, lélégance qui émane delle. Auprès delle, il apprend lharmonie dune robe bien coupée, limpact de la chevelure, du maquillage, de la parure.
A 17 ans, il quitte Abidjan et arrive à New York une nuit de Noel. La ville, recouverte de neige, semble un décor entre kitsch et onirisme. Il marche sur Lexington avenue, émerveillé par les tours qui sestompent sous les flocons. Suivent des jours fascinants de soleil et de neige. Lors dun dîner, il rencontre Kevin Board, Kevin est maquilleur pour la presse de mode (VOGUE), la télévision (NBC), le cinéma (Paramount). Mickaèl sinstalle à New York, perfectionne son anglais, étudie à la Parsons School of Design où il obtient un diplôme des Beaux-Arts.
« Killing me softly with his song », « God dont like ugly »... Avec Kevin Board il vit au rythme des chansons de la belle Roberta Flack, maman de Kevin, pianiste et chanteuse classique devenue lady de la soul music au début des années 70. Ils habitent à côté de Central Park, croisent Grace Jones, Yoko Ono. La vie saccélère. Disco, paillettes et fêtes au Club 54, le grand night-club où dansent, posent, para- dent les égéries de la mode et les inventeurs de looks les plus délirants.
Lépoque est joyeuse, pétillante et libre, Art, mode, musique, la ville palpite dénergies créatrices. Depuis sa « factory », Andy Warhol règne sur lart et les noctambules mondains. Jean-Michel Basquiat, dorigine haïtienne et Keith Haring font entrer les graffitis dans lhistoire de la peinture. Robert Mapplethorpe photo- graphie les orchidées et les Africains-américains avec la même délicatesse.
En ce début des années 80, Mickaêl Kra rencontre Chris Seydou, le grand couturier africain, issu dune famille de Bamako au Mali, Chris fait partie dun groupe dartistes qui ont réalisé limportance de la tradition textile malienne. Il est inspiré par les bogolan, ces cotons épais aux motifs rares teints à la terre par des expertes dans les villages reculés du Mali et rassemblés par Kandiura Coulibaly. Chris Seydou y taille des tailleurs ultra sophistiqués avant de se passionner pour les broderies Dogon et les indigo. Il a compris les potentiels des textiles pour la naissance dune mode africaine sur la scène internationale. Aussi, de passage à New York, il invite Mickaèl Kra au SITHA, le premier Salon International du Textile Africain en 1984. Il détecte son talent pour les bijoux, lincite à concentrer sa création. Il lui en commandera pour accessoiriser ses défilés. Ainsi Mickaèl Kra commence une collaboration avec la couture africaine, Abidjan - New York, allers-retours inspirants, stimulants.