Alpha Condé est le leader du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG), candidat à lélection présidentielle annoncée par les accords de Ouagadougou (signés le 15 janvier 2010 par Moussa Dadis Camara et le général Sékouba Konaté, sous l'égide de Blaise Compaoré, le président du Burkina Faso) et dont le premier tour sest tenu le 27 juin 2010.
Ancien Président de la féderation des étudiants d'Afrique noire en France, Condé obtient 19,6 % du vote aux élections présidentielles de Guinée du 19 décembre 1993, les premières élections multipartites du pays après trente de régime autoritaire. Lansana Conté, président depuis le coup d'état de 1984, gagne l'élection avec 51,7 % des voix. Les partisans de Condé crient à la fraude électorale après que la Cour suprême ait annulé les résultats des préfectures de Kankan et Siguiri, où Condé avait obtenu plus de 90 % du vote.
Il est en lice face à Cellou Dalein Diallo de Union des forces démocratiques de Guinée, pour le deuxième tour de ce scrutin historique, qui a vu s’affronter pour la première fois en Guinée 24 candidats, dont une femme. La date du second tour n’a pas encore été précisée par les autorités compétentes mais la loi guinéenne prévoit qu’il se tienne 14 jours après l’annonce officielle des résultats du premier tour.
Né à Boké (Basse Guinée), Alpha Condé part pour la France à l’âge de 15 ans poursuivre des études secondaires et universitaires (Sorbonne).
En 1970, il est victime du régime du président Sékou Touré qui le condamne à mort par contumace. Il est alors contraint, comme bon nombre de ses compatriotes intellectuels, de rester en exil hors de son pays. Alpha Condé réside à Conakry depuis le 17 mai 1991, date de la fin de son exil et de son retour en Guinée.
Scrutin présidentiel de 1993
A son retour en Guinée, Alpha Condé réussit, aux côtés d'autres leaders de l'opposition guinéenne (Bah Mamadou Bhoye, Siradiou Diallo, Jean-Marie Doré, Masour Kaba, etc), à faire imposer le multipartisme intégral qui autorise la présence de plusieurs partis d’opposition en Guinée. Puis, il prend part à la première élection multipartite du pays, en décembre 1993, après trente ans de régime autoritaire.
Lors du scrutin, Condé est un des challengers du général Lansana Conté, président depuis le coup d'État de 1984. Le général Conté est déclaré vainqueur avec 51,7 % tandis que les observateurs nationaux et internationaux chargés de la supervision du scrutin dénoncent un fort climat de fraude et que l’opposition conteste unanimement les résultats officiels. Les partisans de Condé s’insurgent particulièrement contre l’annulation par la Cour suprême de la totalité des résultats pour les préfectures de Kankan et Siguiri, où Alpha Condé était vraisemblablement fortement majoritaire. Condé demande à ses militants de ne pas prendre le risque d’entrainer une guerre civile et de concentrer leurs efforts sur le scrutin suivant.
Scrutin présidentiel de 1998
Aux élections présidentielles suivantes, en décembre 1998, Alpha Condé se présente de nouveau mais il est kidnappé et emprisonné sans procès, avant la fin du scrutin[5].
Les résultats officiels publiés par le gouvernement déclarent Lansana Conté vainqueur du premier tour avec 56,1 % suivi de Mamadou Boye Bâ (24,6 %). Le 16 décembre, deux jours après le scrutin, nombreux dirigeants de l'opposition sont arrêtés pour préparation présumée d'une rébellion contre la dictature en place. Les mois suivants, des exactions vont être commises par des forces militaires sur les sympathisants de l'opposition.
Emprisonnement
Alpha Condé est maintenu en prison pendant plus de 20 mois avant que le gouvernement ne constitue une cour spéciale, pour le juger. Cette incarcération sans procès soulève un fort mouvement de protestation international. Amnesty International dénonce une violation des Droits de l'homme et le Conseil de l’Union Interparlementaire une violation de l’immunité parlementaire dont Alpha Condé bénéficie en tant que député guinéen.
De nombreuses voix s’élèvent tout au long de son emprisonnement pour demander sa libération immédiate. Parmi lesquelles celles d’Albert Bourgi, qui organisent un important mouvement de soutien « le comité de libération » à Alpha Condé, ou de Tiken Jah Fakoly , auteur de « Libérez Alpha Condé » adressé au général Lansana Conté, et que la jeunesse transforme en hymne à la gloire des martyrs et prisonniers politiques africains. Condé reçoit également le soutien de chefs de diplomatie étrangers, à l’instar de Madeleine Albright (Etats-Unis) qui se déplace à Conakry même.
En France, le Président Jacques Chirac s’implique personnellement Sa mobilisation vient renforcer les multiples requêtes d’autres chefs d’Etat en demandant officiellement la relâche rapide d’Alpha Condé.
Condé est condamné, en 2000 à 5 ans de prison pour « atteintes à l’autorité de l’État et à l’intégrité du territoire national » au terme d’un procès retentissant décrié dans la presse africaine et internationale. Il est finalement libéré le 2001 et fait l’objet d’une grâce présidentielle.
L’affaire Alpha Condé
« L’affaire Alpha Condé », comme elle est souvent décrite dans la presse, en allusion à l’affaire Dreyfus de la France du XIXème siècle, donne lieu à un procès retentissant et marque un tournant politique important pour la Guinée. Alpha Condé est libéré le 18 mai 2001, date à laquelle il fait l’objet d’une grâce présidentielle , 28 mois après son arrestation et huit mois après son procès organisé par la « Cour de Sûreté de l’Etat Guinéen » , qui est spécialement constituée à cet effet.
Ce procès de cinq mois qui débute le 12 avril 2000, après plusieurs reports , le condamne tout d’abord à cinq ans de réclusion criminelle pour « atteinte à la sûreté de l’Etat guinéen » et « emploi illégal de la force armée », le lundi 11 septembre 2000. Il devient, particulièrement auprès de la jeunesse, un symbole comparé à Mandela.
Alpha Condé lui-même cite souvent Mandela en exemple dans ces réflexions politiques. Il déclare à sa libération : « sur la scène politique africaine, on peut parler d’un avant et d’un après Mandela. Il est, dorénavant, la référence et le modèle à suivre pour tous ceux qui luttent pour l’unité, la réconciliation et l’avènement pacifique de la démocratie… ».
Arrivée au pouvoir de la junte militaire et scrutin présidentiel 2010
Depuis la mort de Lansana Conté en décembre 2008 et la prise du pouvoir par la junte militaire de Dadis Camara, Alpha Condé a centré son action politique sur le retour à un pouvoir civil et la tenue d’élections justes, transparentes et inclusives. Il l’a fait au sein des « Forces Vives constituées de l'opposition, des syndicats et des autres acteurs de la société civile.
Dans une tribune publiée par le journal Le Monde en janvier 2010,il déclare que les massacres du 28 septembre au stade de Conakry mettent en évidence la nécessité d’une rupture complète avec le passé : « Le traumatisme subi, une fois de plus, ce jour-là, par la population, discrédite définitivement tous ceux qui, de près ou de loin, ont leur part de responsabilité dans lesdits massacres.
Les conséquences de cette tragédie ordonnent obligatoirement une rupture par rapport à tout ce qui a été envisagé précédemment. Elles doivent désormais inciter tous les acteurs guinéens, avec le soutien des partenaires extérieurs, à organiser au plus vite des élections, qui seules permettront de légitimer les futurs dirigeants sur la base d'autres mécanismes que ceux qui ont conduit à l'émergence du système à abolir. ».
En février 2010, il annonce à Conakry la candidature de son parti pour le scrutin présidentiel de juin. Alpha Condé arrive en deuxième position du premier tour, avec 18,25 % des voix, se qualifiant ainsi pour le second tour.
Parcours universitaire
Après ses études à la Sorbonne, Alpha Condé obtient un diplôme d’Etudes Supérieures (DES) avant de devenir Docteur d’Etat en droit public à la Faculté de Droit de Paris, Panthéon. La carrière professionnelle d’Alpha Condé débute en tant que professeur : il dispense des cours à la faculté de Droit et Sciences Economiques (Paris I, Panthéon Sorbonne) pendant plus de dix ans, puis à l’Ecole supérieure des Postes, Téléphone, Télécommunications (P.T.T). Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France Il milite parallèlement au sein du Syndicat de l’Enseignement Supérieur (SNESUP) et cumule des fonctions de Responsable au sein de l’Association des Etudiants Guinéens en France (AEGF), ainsi qu’au sein de la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France (FEANF) où il est, de 1967 à 1975, le Coordinateur de la direction des groupes nationaux africains (GN), qui supervisent les activités de la direction de la FEANF. Il est le président de l’organisation en 1963.
Publications
Alpha Condé est l’auteur de plusieurs ouvrages et publications. En juin 2010, il publie un livre d’entretiens en collaboration avec Jean Bothorel[12] « Un africain engagé : ce que je veux pour la Guinée » aux éditions Picollec. Il y raconte son parcours politique et ses ambitions pour la Guinée en tant que candidat à la magistrature suprême pour le premier scrutin présidentiel, réellement démocratique, de l’histoire de son pays.
Avant cela, Alpha Condé avait déjà publié un ouvrage politique intitulé : « Guinée, Albanie d'Afrique ou néo-colonie américaine » (éditions Gît-le-cœur, 1972) ou il présentait sa vision de l’histoire politique et économique de son pays. Il s’est assez jeune initié à l’écriture politique en participant au journal « l’Etudiant Guinéen » avant d’écrire pour d’autres journaux et des ouvrages universitaires.
Il poursuit à travers différentes publications, tant des brochures : (« Quel avenir pour la Guinée », en mai 1984, « Propositions pour la Guinée » en décembre 1984, « Pour que l’espoir ne meure » en août 1985, « Où allons-nous », « Trois ans après », et « Le poisson pourrit par la tête ») que des journaux (« Le Patriote » créé en janvier 1985 et interdit trois mois après) ; « Segueti » et « Malanyi ».
« Un africain engagé : ce que je veux pour la Guinée » (éditions Picollec 2010)
« Guinée, Albanie d'Afrique ou néo-colonie américaine » (éditions Gît-le-cœur, 1972)
« Pour que l’espoir ne meure » août 1985
« Quel avenir pour la Guinée », mai 1984
« Où allons-nous »,
« Trois ans après »,
« Le poisson pourrit par la tête »,
Du MND au RPG
En 1977, dans la foulée de la rencontre tripartite de réconciliation à Monrovia entre les Présidents Sékou Touré, Houphouët Boigny et Léopold Sédar Senghor, Alpha Condé crée le Mouvement National Démocratique (MND) avec le Pr. Alfa Ibrahima Sow, Bayo Khalifa et d’autres membres fondateurs. Le MND subira plusieurs mutations de la lutte clandestine à la lutte semi-clandestine et enfin à la lutte légale depuis 1991. Le MND devient d’abord l’UJP (Unité, Justice, Patrie), puis le RPG (Rassemblement des Patriotes Guinéens) pour enfin être l’actuel RPG (Rassemblement du peuple de Guinée).
Le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG)
Le RPG est aujourd’hui l’une des plus importantes formations politiques du pays. Présent sur tout le territoire avec un bureau national et 85 sections nationales, le RPG est un parti fortement implanté.
Synthèse de son parcours
Licencié en sociologie
Diplômé d'études supérieures (DES) de sciences politiques
Docteur d'État en droit
Professeur à la faculté de droit et sciences économiques (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Professeur à l’École supérieure des PTT (École nationale supérieure des télécommunications)
Responsable Afrique de la société de négoce international Sucres et Denrées
Directeur général du bureau d’études économiques et financières (AFRICONSULT)